L’industrie de la pornographie est motivée par les besoins des hommes et s’adresse principalement à un public masculin. L’accent est mis principalement sur le plaisir masculin, et les femmes sont généralement présentées comme des objets de convoitise et de désir masculins.
Dans ce contexte, la dernière découverte est quelque peu ironique. Nicolas Somme, chercheur principal au LIVES de l’Université de Lausanne, et Jacques Berent, professeur de psychologie sociale à l’Université de Genève, ont mené cette étude à grande échelle dont les résultats sont publiés dans le numéro de février de Psychological Medicine. Ils associent le visionnage de pornographie à une diminution de la fonction sexuelle chez les hommes et à une augmentation de celle-ci chez les femmes.
En juin 2015, Somme et Berent ont lancé une enquête anonyme auprès de plus de 100 000 personnes, majoritairement francophones, avec une moyenne d’âge de 21 ans. Les participants ont répondu à des questions sur les relations, l’intimité et la satisfaction sexuelle, ainsi que sur la fréquence de visionnage de contenus pornographiques. Ils ont été invités à participer à nouveau à l’enquête en 2016 et 2017, à laquelle environ un cinquième des participants initiaux ont répondu.
Après avoir analysé les données, les chercheurs ont découvert que les hommes qui déclaraient avoir tendance à regarder du porno (sur une échelle de huit points allant de « jamais » à « très souvent ») évaluaient leur propre performance sexuelle et leur fonctionnement en fonction de facteurs tels que le désir, l’excitation et l’excitation sexuelle. capacité à atteindre l’orgasme. Leurs partenaires ont également signalé des niveaux de satisfaction sexuelle inférieurs.
Pour les femmes, la situation est inverse. Ceux qui regardaient des vidéos pornographiques ont signalé une augmentation de leur activité et de leurs fonctions sexuelles par rapport à ceux qui ne l’ont pas fait.
Ce contraste peut s’expliquer par de nombreuses raisons possibles. Tout d’abord, les hommes et les femmes regardent des vidéos de nature différente. Des études antérieures ont montré que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de regarder du porno hardcore et fétichiste, dans lequel des acteurs professionnels interprètent des scènes difficiles à reproduire dans la vie réelle. Cela peut conduire les hommes à avoir des attentes déraisonnables à la fois envers eux-mêmes et envers les relations sexuelles avec leur partenaire, ce qui a un impact négatif sur le degré de satisfaction.
De plus, les hommes ont tendance à regarder beaucoup plus de pornographie que les femmes. La réponse « très souvent » pour elles peut signifier visionner quotidiennement du contenu à caractère sexuel, tandis que pour les femmes, une à deux fois par semaine. Pour eux, l’intérêt quotidien pour le porno s’apparente davantage à un divertissement et peut interférer avec l’intimité avec un partenaire.
Enfin, la société encourage tacitement les adolescents et les jeunes hommes à sortir ensemble et à explorer leur sexualité, tandis que les adolescentes et les jeunes femmes sont censées être plus chastes et modestes dans leurs relations avec les hommes. La pornographie peut aider les jeunes femmes à surmonter ces barrières culturelles, à accroître leur estime de soi, à apprendre à établir leurs priorités et à obtenir du plaisir.
Aux États-Unis, environ 84,4 % des hommes et 57 % des femmes ont déjà regardé de la pornographie à l’âge adulte.
Source bgnes